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_juste comme ça, un peu pour rien.
18 juillet 2006

_le con

J’viens de m’réveiller. J’ai la bouche pâteuse et mal au ventre. Je sais pas ce que je fais ici. Je sais pas comment je suis arrivé là. Et ce que j’y fais. Je me souviens plus de rien . Cette putain de mémoire qui me joue des tours. Mais qu’est-ce-que je fais là moi ? J’me souviens juste d’hier. Je devais la voir. Elle m’avait donné rendez-vous avec son air mystérieux. Celui qui m’émoustille. Celui qu’elle adore pour son effet qu’il a sur moi . Faut vraiment que je trouve un subterfuge . Pour qu’elle arrête avec cet air. J’commence à en avoir marre qu’elle joue avec moi . Assez joué. A mon tour maintenant. Pourquoi c’est elle qui mène toujours la danse ? Je suis vraiment soumis moi. Ou peut-être amoureux alors. Je sais plus trop. De toute façon, j’crois que moi-même j’ai jamais su. C’est p’tètre mieux comme ça. Elle serait trop dégoutée si elle savait. Son égo en prendrait un coup. Bien sur pour moi, ça serait jouissif. Mais bon, j’suis pas quelqu’un d’ méchant moi . Moi, je subis. Sans rien dire. Faudra que j’lui déballe tout un jour. J’sais pas si j’aurais le cran . J’suis un con d’ toute façon. J’ai jamais su exprimer mes sentiments. Pourtant j’en ai hein, faut pas croire. J’ai l’air d’un gros dur mais si vous saviez à quel point j’suis sensible. Juste que je le montre pas en public. On m’ dit quelque chose de blessant et j’encaisse. Sans rien dire. Puis quand j’arrive chez moi, une fois la porte refermée, j’éclate en sanglots. Ca commence même avant parfois. Arrivé devant ma voiture, installé au volant, ma vue commence à s’brouiller. Ces foutues larmes me montent aux yeux. J’arrive même pas à les retenir. J’pourrais même pas si j’le voulais . Ca fait longtemps que j’ai abandonné l’idée. Puis j’arrive enfin chez moi. J’tourne la clé dans la serrure discrètement. En essayant de faire le moins de bruit possible. Mais c’est con, j’pourrais faire un bordel monstre si j’le voulais. D’façon, y a personne qui m’attend alors. Elle pourrait m’attendre parfois. Mais non, ça la fait chier. Madame aime bien se faire désirer. J’m’en fous, elle verra un jour celle-là . Elle me fait espérer pour ensuite me faire languir. Tu verras ma belle. Un jour j’te laisserais tomber. Comme une merde. Tu verras enfin c’que c’est de souffrir. Tu ramperas telle une merde. Et moi, j’me marrais. D’un rire digne des parrains d’la mafia avant de couper l’doigt d’leur captif. Comme tu le fais quand j’te supplies de rester avec moi. Je sais même pas si elle m’aime cette garce . J’pense plutôt que j’la rassure. Grâce à moi elle voit qu’elle peut plaire. Si elle savait. Ah j’en souris rien qu’d’ y penser. J’commence à me lasser. Elle m’dégoûte de plus en plus. Son p’tit numéro a assez duré. Elle va aller l’faire ailleurs d’ici pas tard. J’dis ça mais en même temps, à chaque fois, c’est moi qui accours pour m’excuser. Et elle là, victorieuse. Les mains sur les hanches et l’air satisfait. J’sais même pas pourquoi j’m’excuse. C’est pas moi qui mets l’ bazar. C’est elle qui fout le bordel dans ma vie. J’avais rien d’mandé moi. Pourquoi elle est venue m’trouver. Y a des hommes mieux, beaucoup mieux que moi. Oh oui. C’est pas que j’suis moche non. Grand, svelte. Brun avec des yeux verts et pépites marron, ça plait forcément. Mais le problème, c’est que j’suis con. Un con comme on en fait plus. J’en ai pas honte. J’en suis même assez fier. Fier d’mon manque de culture. J’ai pas lu de livre depuis la classe de Terminale, c’est pour vous dire. La seule fois de la semaine où je lis c’est quand mon bus change d’itinéraire. J’m’en tamponne tellement que j’lis même plus les panneaux d’indications. D’toute façon, à quoi ça m’servirais puisque j’ suis toujours l’même itinéraire. J’vais pas m’encombrer d’choses inutiles. Ah si oui. Souvent j’ouvre le dictionnaire. J’trouve des mots difficiles. Ceux qu’personne connaît. Et j’les apprends par cœur. Pour avoir l’plaisir d’les ressortir en public. Quand j’en sors un vraiment bizarre, les gens m’regardent l’air interloqué. Alors j’explique c’que ça veut dire. Comme ça, ils m’prennent pour quelqu’un d’cultivé. Alors qu’en fait, pas du tout. Ils se sentent stupides, j’aime bien rabaisser les gens. Leur faire croire qu’ils sont moins intelligents qu’moi. Aïe, bordel. Y a un truc qui vient de me tomber sur la tête. C’est quoi ça ? Pis j’suis attaché. Non, mais qu’est c’ que j’fous ici bon sang ? Mais c’est quoi ça ? Pourquoi j’suis attaché ? Y a un gros balourd qui m’scrute là. Qu’est c’que tu m’veux connard ? J’lui demande qui il est et c’que j’fais ici. Il m’répond même pas et continue à fumer sa sal’té d’clope comme si de rien était. Bon. J’recommence, p’t’être qu’il m’as pas entendu. Ah, il me r’garde. Ce con m’balance son mégot à la gueule. Nan mais ça va pas la tête ? J’essaye d’me lever. Impossible, j’sens plus ma jambe. Ma vue se trouble. Ca d’vient tout noir. Je sombre.
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